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Réunion publique : Fonction et services publics dans l’Union Européenne

Mardi 19 Mai Metz cloître des récollets

 

Dans le cadre des élections européennes, la section du PCF a organisé le 19 mai une réunion publique sur le thème des services publics dans l’Union Européenne à Metz, au cloître des Récollets. Jean-Marie Drobisz, candidat sur la liste Front de Gauche de l’Est, était entouré de trois responsables syndicaux : Vincent Blouet pour la fonction publique, Hélène Pochard pour l’enseignement et David Donnez pour les cheminots. Au cours de cette réunion il s’agissait de voir quelle était la place du secteur public dans un contexte d’austérité généralisée, celle-ci poussant à la privatisation et à la marchandisation à outrance de biens publics fondamentaux. Sébastien Hesse a animé le débat.

Jean-Marie Drobisz prit d’abord la parole, en guise d’introduction. Responsable d’un groupe de travailleurs transfrontaliers, il a d’abord rappelé que l’Union Européenne était actuellement le théâtre d’une offensive généralisée contre les droits sociaux afin de << nous faire revenir deux siècles en arrière >>. Cette offensive est nationale mais aussi supranationale : l’Europe est au service d’une finance dont la Commission européenne, à coups de traités antidémocratiques, relaye les revendications. Le patronat est dès lors totalement libre et la Banque Centrale Européenne (BCE), peut donc l’enrichir, sous le regard bienveillant de députés européens acquis à l’ultralibéralisme depuis bien longtemps déjà. Partant de ce constat, Jean-Marie Drobisz rappelle l’intérêt du vote Front de Gauche lors du scrutin du 25 mai : remplacer des députés complaisants envers le système financier par des élus du peuple au service du bien commun. Pour <
>, pour ne pas céder aux sirènes de l’extrême-droite, une seule solution : l’Humain d’abord.

Une fois les principaux enjeux du scrutin posés, c’est Hélène Pochard qui prit la parole pour dresser le bilan de l’action européenne au sein du service public primordial qu’est l’éducation. Elle a tout d’abord tenu à rappeler deux principes fondamentaux de notre système éducatif qui en font sa force. D’une part, l’indépendance des enseignants, assurée par un salaire et un statut, et ce pour le bien des élèves et afin d’assurer l’égalité des chances. D’autre part la laïcité, notion qu’il faut appliquer non seulement à la sphère religieuse qui doit rester dans le domaine privé, mais aussi à la sphère idéologique marchande. Ainsi pour Hélène Pochard, l’école ne doit pas être un bien commercial. Pour la FSU (qu’elle représentait jusqu’en 2013), le système éducatif doit permettre aux jeunes d’être <> grâce à des <>, revendication certes simple mais mise à mal par une mercantilisation croissante de l’éducation : l’élève est de plus en plus vu comme un futur travailleur, il doit développer des <> directement applicables dans le monde de l’entreprise. Pour lutter contre cela, la scolarisation jusqu’à 18ans apparaît comme une bonne solution, permettant aux élèves de développer leur esprit critique, qualité bien nécessaire dans un monde complexe en perpétuel changement. Mais l’Europe semble s’opposer à cette vision juste de l’école, en en faisant progressivement un lieu ouvert aux influences économiques. Elèves et établissements sont désormais mis en concurrence comme le sont les entreprises privées : le libéralisme économique se déploie peu à peu dans la sphère éducative. Cet objectif de marchandisation de l’école est par ailleurs aidé par les cures successives d’austérité dont l’éducation est l’une des principales cibles. Suite à ce tableau bien noir, Hélène Pochard adresse toutefois un message d’espoir : quitter l’Europe n’est pas la solution. Utilisé à bon escient, l’échelon européen peut être un formidable outil de solidarité et de compréhension entre les peuples pour développer la fraternité et la paix.

David Donnez expliqua ensuite la situation en matière de transports, autre service public indispensable pourtant gangrené par le mercantilisme et le dogme de la rentabilité immédiate. Pour lui, l’austérité a servi dans toute l’Europe à casser l’emploi dans les entreprises publiques pour provoquer des privatisations se faisant au détriment des travailleurs, et ceci est particulièrement vrai dans le domaine du rail. La logique marchande qui s’y installe avec la complicité de l’Europe nuit aussi aux usagers et à la planète. Aux usagers car le libéralisme désire ne pas s’embarrasser de normes : un transport moins cher donc, mais aussi moins sûr. A la planète aussi, car le patronat n’éprouve que peu d’intérêt dans le développement de transports propres, contraire à ses objectifs de rentabilité. Pour David Donnez l’offensive lancée actuellement contre le rail public est néfaste pour tous, car la logique de profits chère au secteur privé entraîne une fragmentation des territoires dans la mesure où les zones isolées, donc non rentables, ne sont plus desservies par les acteurs privés qui prennent peu à peu le pouvoir dans ce secteur. Dès lors, défendre le service public du rail, c’est défendre l’égalité des territoires et de tous les citoyens européens. Cela conduit le syndicaliste CGT à lancer un appel évocateur : <>.

Enfin, pour dresser un bilan général en matière de services publics, Vincent Blouet a fustigé les critères de convergence européens sanctifiés par des traités comme celui de Maastricht qui sont la cause de l’austérité actuelle : pour rentrer dans ces critères, les Etats attaquent les services publics, vus comme des <> sans que l’on pense à tout ce qu’ils apportent aux populations. Sous Sarkozy ce sont ainsi 150 000 postes de fonctionnaires qui ont été supprimés, et ce au détriment de l’emploi et des usagers. A l’aide d’un exemple édifiant, le syndicaliste montre que les employés de la fonction publique sont frappés de plein fouet par la crise : entre 2008 et 2012, un fonctionnaire de catégorie C a perdu 120€ de pouvoir d’achat mensuel. Pourtant, ce n’est pas le service public qui coûte cher à l’Etat, mais bien le capital. En effet, le soutien au secteur privé (niches fiscales, exonérations diverses...) représente 40% du budget national. N’y a-t-il pas ici des économies à faire ?

L’austérité actuelle se fait donc contre les travailleurs et au service du capital. Vincent Blouet illustre cela par un exemple historique tout à fait pertinent, montrant que l’Europe portait en elle les germes de l’austérité dès sa fondation. Pierre Mendès-France, l’un des artisans de la construction européenne, déclarait en effet que le marché devait prendre une place croissante dans la société pour abrutir les masses et les détacher de la chose publique et politique.

Face à cela, le vote Front de Gauche permet de remettre la démocratie au cœur du projet européen pour faire de l’Union un outil de protection des peuples face à la mondialisation libérale.

Des questions de la part du public ont ensuite été adressées aux orateurs. Le débat fructueux qui a suivi a permis de soulever des points essentiels, comme la hausse des tarifs de l’énergie décidée entre autres par Bruxelles. Mais ce fut également un moment de témoignage où chacun a pu décrire la manière dont l’austérité bloquait son futur ou sa vie quotidienne. A été débattue, entre autres, la question de la place des handicapés dans des transports de plus en plus tournés vers la rentabilité et non plus vers une mission d’intérêt public. Ce fut aussi un moment pédagogique et militant, lorsque David Donnez prit le temps d’expliquer le rôle destructeur qu’allait avoir le 4ème paquet ferroviaire, en gestation dans les instances européennes. L’écologie a été également mise en avant, de manière très concrète, pour mettre en évidence les contradictions de l’Europe libérale : celle-ci se prétend durable mais ne fait rien pour, par exemple, mettre en avant le transport par ferroutage plutôt que par poids lourds. Dernier exemple montrant que si le désastre est économique et humain, il est aussi environnemental.

En guise de conclusion, Jean-Marie Drobisz a tenu à citer le grand capitaliste américain Rockefeller qui avançait déjà il y a un siècle l’idée d’un monde dominé par le pouvoir économique au détriment de la souveraineté populaire. L’occasion de rappeler que le scrutin du 25 mai sera un référendum contre le projet de Grand Marché Transatlantique (GMT). Il est nécessaire que le peuple se soulève pour éviter la propagation de la dictature financière qui se met en place. Pour cela, une seule solution : le vote Front de Gauche.

Compte rendu rédigé par Julien Rock de la JC 57

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